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Juste sur la route
24 octobre 2016

Peut-on arrêter Trump ?

La candidature de Donald Trump rappelle à tous ceux qui tentent de comprendre le monde politique que, en politique, comme en amour, il y a toujours une part d'irrationnel qui fait tout basculer. En juillet dernier, la candidature de Donald Trump était programmée pour s'effondrer sur l'autel de la réalité électorale. Mais le magma de l'immobilier s'est mis à gagner les primaires de nombreux états à tel point que la question, aujourd'hui, n'est plus de savoir s'il sera le candidat désigné du Parti républicain mais bien de savoir comment l'arrêter. S'il est devenu le favori des primaires alors qu'il n'avait ni le soutien des ténors du parti, ni de mandat politique pour lui garantir une assise électorale, ni le profil modéré qui permet de gagner malgré la diversité électorale de états, sa candidature pourrait être contrée par une union sacrée des autres candidats du Parti républicain. Vers une union sacrée contre Donald Trump ? Donald Trump ne dispose pas encore du nombre suffisant de délégués pour être désigné candidat. Pour gagner les élections primaires, il faut rassembler 1 237 délégués. Donald Trump, à ce stade, est largement en avance. Il détient 458 délégués contre 347 pour Ted Cruz, 121 pour Marco Rubio et 54 pour John Kasich. Mais une candidature d'union sacrée entre les délégués de Rubio, Cruz et Kasich est, en théorie, une possibilité pour contrer la candidature de Trump. Elle est, mathématiquement, la seule solution pour écarter Trump, d'autant que, le Super Tuesday passé, Trump continue de gagner les primaires, notamment dans le Michigan avec 36,5 % et dans le Mississippi avec 47,3 %. Le 15 mars, de nombreux états, qui pratiquent le winner-take-all sont en jeu pour 367 délégués. Ce système permet au candidat arrivé en tête de gagner l'ensemble des délégués. C'est le cas pour la Floride que Marco Rubio - sénateur de l'état - espère gagner. Le dernier état déterminant sera la Californie le 7 juin prochain où les 172 délégués reviendront en grande partie au candidat arrivé en tête, winner-take-most. On verra alors si John Kasich, soutenu par Arnold Schwarzenegger - ancien Gouverneur de Californie - est toujours dans la course. D'ici là, sa candidature peut encore gagner quelques délégués pour continuer à peser. Et une victoire en Californie pourrait changer la donne. Son profil, modéré, membre de la Commission de la défense à la Chambre des Représentants pendant dix-huit ans, président de la Commission des finances pendant les deux mandats de Bill Clinton, répond assez bien aux critères de l'establishment du Parti républicain et offre une alternative aux candidats plus extrêmes que sont Trump, Cruz et Rubio. Le système des primaires est un long processus de sélection où tout se joue à travers le nombre de délégués. Mais la désignation n'est acquise à personne en raison des délégués unpledged qui votent à leur guise pour le candidat de leur choix, quel que soit le choix de leur état. Sur les 2 470 délégués qui vont voter en 2016, 437 sont des délégués unpledged. Parmi eux, 168 sont membres des instances du Parti républicain et doivent voter pour le candidat arrivé en tête de leur état. C'est la nouveauté de cette primaire. Or, l'addition des délégués en jeu montre que, si Donald Trump continue à gagner avec une marge aussi importante, il pourrait atteindre le nombre de délégués nécessaire dès mai 2016. A ce jour, il a remporté les primaires dans douze états sur dix-neuf. La diversité des états gagnés contredit l'analyse fondée uniquement sur l'aspect comptable de la désignation du candidat républicain. En effet, si le camp républicain s'arrange pour qu'un autre candidat l'emporte sur Donald Trump, quelle serait la légitimité de cette candidature face à Donald Trump qui séduit, à lui tout seul, une très large partie de la population ? La diversité de l'électorat de Donald Trump est frappante. L'Alabama et le Massachussetts sont deux états radicalement différents au regard de leur composition électorale mais le résultat des primaires dans ces deux états est en faveur de Donald Trump. En Alabama, il a gagné avec 43,4 % des votes, contre 21,1 % pour Ted Cruz et 18,7 % pour Marco Rubio. Dans le Massachussetts, Trump a gagné avec 49,3 % des votes, contre 18 % pour Kasich et 17, 9 % pour Marco Rubio. Pourtant, l'Alabama est un état très conservateur, dont le taux de pauvreté atteint presque le double de celui du Massachussetts : 14,6 % contre 8,3 %. Le taux de diplômés et le revenu moyen sont parallèlement inférieurs en Alabama. La communauté afro-américaine représente 26, 2 % de la population contre 6, 4 % dans le Massachussetts où la communauté hispanique qui plus importante. La comparaison entre ces deux états montre que la majorité des votes en faveur de Trump sont majoritairement donnés par des électeurs sans diplôme du supérieur. Néanmoins, il arrive en tête chez les électeurs diplômés, à hauteur de 40 % dans l'état du Nord et de 37 % dans l'état du Sud. Il y a donc une forte adhésion pour la candidature de Donald Trump parmi des électeurs qui n'ont pas beaucoup de choses en commun. Et l'exemple de la Virginie le confirme. La Virginie est un état du Sud, conservateur. Elle avait voté majoritairement pour Mitt Romney en 2012, John McCain en 2008 et George W. Bush en 2000. Cette année, Donald Trump l'a emporté avec 34,7 %. Le spectre des votants est large : des modérés aux conservateurs, des religieux au moins religieux, de la classe moyenne aux plus pauvres, Donald Trump rassemble. Et si l'on devait faire un portrait-robot de l'électeur de Trump, il serait blanc, moins diplômé que l'électeur de Marco Rubio, homme, habitant dans une ville moyenne ou rurale. Mais, Trump reste majoritaire dans l'ensemble du corps électoral des états qu'il a gagnés. Les préoccupations des électeurs en Virginie sont par ailleurs assez représentatives des motivations du vote en faveur de Trump. D'un côté, il y a l'immigration et l'économie, et de l'autre, un fort sentiment "antisystème". Aussi, la candidature de Donald Trump est une candidature forte. Ce n'est pas un feu de paille et les chiffres en attestent. Mais sera-t-il le meilleur candidat pour gagner la Maison-Blanche ? Cette question est le principal enjeu pour le Parti républicain, qui va devoir choisir entre Trump ou la constitution d'une union sacrée. En théorie, il semble possible de contrer la candidature de Trump par un jeu de combinaison des délégués avant la convention républicaine. En pratique, le Parti républicain fera-t-il tout pour bloquer Donald Trump ?

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  • Je suis toujours "Juste sur la Route". Je voyage beaucoup, je rencontre beaucoup de personnes, souvent aux quatre coins du monde, je dois donc me dire heureux d'après les standards. Pourtant, on peut voyager, vivre et ne rien partager. Pas moi.
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